Chant 1er : Affres oniriques




Je suis seul dans la demeure. Le soleil s'efface peu à peu derrière les masses sombres d'une civilisation. De miteuses existences éructent sur le re­mugle d'une histoire, vessent sur la conscience individuelle, sur l'éthique d'une pensée. L'atrabilaire misanthrope fus­tige l'adaptation à la médiocri­té par l'apologie de la suffisan­ce. Seul, je pelote mon polochon, abandonné aux affres oniriques.




L'âme vaporeuse de l'ange,
Colifichet niché
Dans sa couche.
Attouchement.

Je goûte
Les rogatons d'un bonheur rancescible.
Dégorge, dégueule !
Impuissance.
J'expectore
Mes accointances héréditaires.
Sybarites et bégueules.
Délivrance.

Seul, l'ange étrenne
Les plaisirs angoissants ;
Seul, je sue sur
Mes pleurs rougeoyants.
Non !
Rôde le vrombissement.


Comme la frénésie mortifère du Mamba
Que la peau laiteuse et le drap soyeux enserrent,
L'onde obsédante s'ébroue entre galetas
Et grabat pourris par misères délétères.

J'halète.
Ridicules sentiments qui s'égarent,
Râles crachés sur
Des pensées crevantes !
Je suffoque.

Ce bruit, ce bruit d'armes
M'incise aux larmes,
Coule dans l'alcôve pisseuse.
J'étouffe.
Le jus puant, remugle d'une vie,
- Crasseux, giclez de mes pores ! ­
Excave la chair d'une vie.
Laboure, faciès clouté !


Il râpe et repasse sur ma face trempée.
J'hurle! moi que le silence avait giflé.
Il dilacère ma trogne qui s'agite.
Je gémis. L'âme loqueteuse s'effrite.

Isolé partout,
Baigné dans tout,
J’expire.

Drainée par la vague purulente, une larve est morte.

15 novembre 1986

2 commentaires:

Anonyme a dit…

pour moi tu décris un avortement

Loïc Decrauze a dit…

La poésie est ressentie avec toute la subjectivité liée au vécu du lecteur... alors pourquoi pas votre interprétation.