Chant 1er : Affres oniriques




Je suis seul dans la demeure. Le soleil s'efface peu à peu derrière les masses sombres d'une civilisation. De miteuses existences éructent sur le re­mugle d'une histoire, vessent sur la conscience individuelle, sur l'éthique d'une pensée. L'atrabilaire misanthrope fus­tige l'adaptation à la médiocri­té par l'apologie de la suffisan­ce. Seul, je pelote mon polochon, abandonné aux affres oniriques.




L'âme vaporeuse de l'ange,
Colifichet niché
Dans sa couche.
Attouchement.

Je goûte
Les rogatons d'un bonheur rancescible.
Dégorge, dégueule !
Impuissance.
J'expectore
Mes accointances héréditaires.
Sybarites et bégueules.
Délivrance.

Seul, l'ange étrenne
Les plaisirs angoissants ;
Seul, je sue sur
Mes pleurs rougeoyants.
Non !
Rôde le vrombissement.


Comme la frénésie mortifère du Mamba
Que la peau laiteuse et le drap soyeux enserrent,
L'onde obsédante s'ébroue entre galetas
Et grabat pourris par misères délétères.

J'halète.
Ridicules sentiments qui s'égarent,
Râles crachés sur
Des pensées crevantes !
Je suffoque.

Ce bruit, ce bruit d'armes
M'incise aux larmes,
Coule dans l'alcôve pisseuse.
J'étouffe.
Le jus puant, remugle d'une vie,
- Crasseux, giclez de mes pores ! ­
Excave la chair d'une vie.
Laboure, faciès clouté !


Il râpe et repasse sur ma face trempée.
J'hurle! moi que le silence avait giflé.
Il dilacère ma trogne qui s'agite.
Je gémis. L'âme loqueteuse s'effrite.

Isolé partout,
Baigné dans tout,
J’expire.

Drainée par la vague purulente, une larve est morte.

15 novembre 1986

Chant 2ème : Aux coprophiles...

Les techniques s'affinent, l'intelligence de l'homme n'évolue pas. Nous restons sur place à attendre quelque cho­se. Quoi ? Le bonheur ou la mort sans doute. L'éphémère et l'éternel dissimulent la sale­té de nos pontes sociales. Oi­sillon, crache le vers qui s'agite dans ta gorge, crève la panse de ta marâtre! Tout système, si dégradant soit-il, est exploi­té pour pallier les prodromes d'une déliquescence intérieure. La tragédie par exemple: ah ! l’apparat de la bauge aux coprophiles langoureux.

PETE-SEC POUR LES SUSDITS :


Que nos alexandrins soient joyaux sans pathos,
Qu'ils ne s'empêtrent plus, un bond sans ambages,
Simple, vif à la rage pour que la chair ait l'os.

Le Divin n'est pas épithète, le Beau n'est pas abstraction.
Ça pue le vrai, même si ça ne rime à rien.


DU ROC DES DIEUX...
Les bras turgides comme deux doigts à la luxure,
J'agite la tête en pine triomphante.
Les pucelles de marbre attisent mon enflure,
Les croûtes entre mes cuisses de truie bandante.

Trouant : Coke en main, rock dans l'pied, cool la carcasse...
Le glandu de la cité retient son organe,
Tout ému il pisse sur ses cothurnes qu'il décrasse ;
Sans un cri, la truie se tire, la patte de lapine dans la gueule,
Chevauchant sa bécane.



...AUX BOURRELETS D'UNE CONSTIPEE.

J'ai le cul calé.
Et pas n'importe où, mes pucelles !
Sur un siège de marbre !
Pas loin de vos hymens engourdis.
Pourquoi ici ?
Bons Dieux !
Pour l'effluve de mes graisses antiques, pardi ! Songez...
Songez au parfum
Des grappes d'orteils du choeur.

De quoi humecter mes cors
Et les cors du chœur, d'un tragique !

Songez...
Songez que vous montez sur scène,
Mes pucelles.
Songez à nos décharges effrénées
Lorsque la racine va perforer vos étrons.
Pourquoi nous dit-on que la racine est chiante,
Tordue, impénétrable...
Impénétrable, oui !
Mais son enculade est un délice d'âpreté !
Qu'elle soit aux feux de vos vulves
Ou à l'ombre de vos anus,
La racine est toujours une salope.
Irrémédiablement.
Et les puceaux ?
Qu'ils goûtent le croupion des corneilles.
Mon nègre vous dirait :
« C'est le meilleu ' des cid 'es! »


MORALE :

Pour éluder le tragique de vos vieux,
Pour éviter le plouf malencontreux,
- Dressez-vous, et tirez la chasse !

4 août 1987

Chant 3ème : Entéléchie féminine

La surveillance et le juge­ment non fondé se substituent à la connaissance humaine. S'isoler serait l'une des derniè­res sources salutaires, mais celle-ci est presque inacces­sible, car on ne peut vivre sans le contact humain, chose pro­digieuse et irremplaçable lors­qu'elle n'est pas une bourbe de jouvence. Regardez-la ! cette petite entéléchie féminine.

A Musine

Le feu des sens sis au fond d'un cri loue la nuit.
L'Aura enivre l'émanation grabataire.
Susurre le souffle d’Hélios, le solitaire
Sur ta chevelure qui crépite et qui luit.

A l'orée des neiges l'aurore cuivre tes sarments,
Suaves instants qui voilent la buée d'une ère.
O sage démiurge songe au-delà de l’éther,
La larme de l'art entaille l'oeuvre de sang.

Le ravin d'un espoir écharpe mes pensées,
La fragrance grise l'élan d'une éternité.
Tout semble ébaucher les sillons d'une passion.

Le gueux se délecte du frimas intense,
Magnificence de la réminiscence
Par toi, demoiselle, qui


Et quoi !
Mais non Polymnie !
Je ne t'ai pas cocufiée !
Ne t'enfuis pas !

Aïeux aidez-moi !
Mon sonnet !!!
Ma Muse !!!


2 février 1987

Chant 4ème : Fragments de pertes

Jaspiner sur les platitudes de la vie, sur les truismes journa­liers, imprègne l'homme de bêtises. La Bêtise, cette an­tiscience, trop répandue pour qu'elle ne nous effleure pas une fois au cours de notre vie ou que l'on y échappe, et qu'un jour on y soit soumis. Essayons de la perdre un ins­tant, retrouvons nos éléments dans ces fragments de pertes poétiques ou Sfouac !




I



De mon garde-fou,
Je vois l'horizon tout feuillage
Que le souffle fait chavirer .
Ce souffle qui sans cesse,
Dans la tignasse de nervures,
Violente en soupirs
Les mille touches de verts.
Ces touches, de mes verres,
S'éparpillent en mille brillances.
Les reflets emportés
Auraient empli quelques sébiles
Dont le bois n'a pour tout ombrage
Que celui des chiures amassées.
Du vertige en nature
Je ne connus que la moitié :
En l'air du quatrième au deuxième,
Une bourrasque détourna
Et broya sur la brique rouge
Ce que je vouais au pavé d'en bas.
Putain d'air !
! !



II


Alors que la moelle exsudait
Des os d'une charogne qui traînait,
Tout perché,
J'accrochais l'incisive au fruit brûlant ;
Le jus coulant
M'échauffait la langue,
Comme le ferait la salive
D'une demoiselle fruitée
Qui épluche ses spasmes.
Le tronc de mon habitat
Devint foyer ardent :
Alors que j'entamais la pulpe,
Les flammes léchaient
Mes coussinets charnus.
Une paysanne
Sèche du genou,
Rêche du cou,
Conduisait son troupeau de porcs.
Croyant voir quelques rayons
De son soleil
Au pied de mon arbre,
Elle me grogna :
« Pourceau d'la Vierge! ! !
Que glandes-tu au-dessus de l'astre !?! »
L'entrejambe enflammé
Je lui beuglai
De la cime :
« Eh ben ! ma truie toute fripée !
J'ai bouffé l'dessert,
Mais j'attends l' rôti! »
Salaud d' feu !!!


III

Je flânais, la face à l'horizontale,
Prêt à être la proie des cumulonimbus
Qui pointaient leurs tétons laiteux
Vers le bleu des cieux,
Et mes cuirs gouttaient la rosée des prés.
J'attends la goutte
Qui glissera sur l'aile
Pour rejoindre les fosses nasales.
J'attends la goutte
Qui me donnera des larmes
Au goût de la source.
J'attends la goutte
Qui fera de mes lèvres
Une fraîcheur.
Ahh !!! doux crétin...
Des grêlons !
Le ciboulot canardé par des grêlons !
La face toujours à l’horizontale,
Mais pour injurier 1’alentour,
Je pris en pleine glotte
La pointe d'un barbelé...
Je brillais bientôt au soleil.
Branleuse d'eau ! ! !

IV


Affalé sur le foin
Je fais cadavre .
La bouche ouverte en coin

J'aspire un brin sans prendre garde
Et j'étouffe .
Garce de terre! ! !


- ET ALORS! A QUAND LA PONTE, COCO ?!!!





9 août 1987­

Chant 5ème : Sens improvisé

Elle est souvent pitoyable l'existence que l'on modèle. La pâte se craquelle, mais on bouche, tout et partout. Nos cimes adolescentes, fragiles comme toutes les cimes, s'af­faissent et s'accommodent du renoncement il-faut-bien-vivre­-dans-cette-société-de-merde. Notre faiblesse première est bien vite oubliée et triste on s'invente, pour la fin, un Sens improvisé.

A ma mère.
Tout braillard becquette les bubons du vieux birbe.
Ode de l'onirisme ose briser braillard.
Nervi de la nouille, l'ode nourrit le birbe.
Nouille, l'orgie prône la pyorrhée des paillards.
Et l'espoir éclate épandant ses blets élans.

Las à la hâte, soufflons l'âge d'une lésion.

Acuité de l'aube,
Ne te trucide pas :
Nais et meurs, fusionne.
Idée du nid, linceul.
Vers, sifflez notre vin
Et mouchez notre sang.
Raillons cette poésie, et nian nian !
Sans vers, la vie, lavasse,
Attaque ses larves,
Irrévérencieux... heu !
Ronge nos rêves creux.
Etre et toi fulgurent.

Même si l'art édifie l'aveu en danses
A fresques,
Même si fresques de l'âme troublent les panses
A peste,
Nul ne pourra jamais illustrer ton âge.

7 février 1987

Chant 6ème : Rognures & néant

Je vois trouble. Le monde est poisseux. Poisseux de cras­se, poisseux de monotonie, poisseux d'armées qui nous ruinent pour nous protéger, et finalement nous assassinent, dans l'ombre du pouvoir. Per­du, l'instinct s'accroche aux Restes de rognures, souillures du néant.

L'aube est vilaine

Sans une plaine, sans une touffe,
Sans l'empreinte du bouillon qui étouffe,
Pas d'émotion qui confonde larmes et flots,
Et rien de nos ruts,
Rien des doux fluides éburnés,
Rien! Me reste la haine !

Toi ! de ta cime d'où coulent les sains jus,
Toi ! de ton tronc à l'écorce éventrée,
Bave ta gélatine !

Toute pierraille, ferraille,
- Guillerette! Foutue baudruche !
Et autres corps denses,
- Pas de répugnance pour les ombres révulsées...
Projetés sur une matière humaine
- Tout goulu, une jouissance ?
Déchirent les tissus
- Dieu, plus de décence !
Et pénètrent la chair.
Ah ! Agonie !

Coup et coup le dos éclate !
Craque, le chêne craque !
Et la sève toujours s'en échappe.

Je ne tremble plus, jamais !
Je ne crache plus sur l'ivraie.
Oh... seules quelques larmes s'échappent
De mes yeux en sang
Et se brisent en silence sur tes cils.
Autour trop de boue !
- L'un macère dans l'autre :
C'est quoi cette pourriture devant ma trogne ?
Une mignonnette au goût de charogne.
A ton creux projeté, p' fiasse tuméfiée,
Je ne peux t'étreindre.

L'aube est vilaine au soir de l'éternité.

24 avril 1987

Chant 7ème : L'éon et sa lie pure

Le passé ne nous rattrapera plus, le présent est détestable­ment précaire, seul l'avenir, in­contrôlable, pourra juger l'es­pèce humaine, l'espèce vivan­te, l'espace terrien: civilisation, barbarie, ou destruction !!! L’homme anéanti, hystérique par l'angoisse, élude sa perte et se fie à la justice immanente, aux subtils échafaudages de L’éon et sa lie pure.

Foutre, qu'elle est délicate !

Toute blanche, toute l'ivresse toute suave de ses émois. Gambade sur ta terre, charmante, ouste ! Je te vois, coquine, essouffle un peu ton corps que j’oie le feu des orifices, saute, élève-toi, tombe vers moi ­- non ! Populace au gras du ciel ou reine de ta motte flottante, fragile. Sur ta couche étale ces beaux at­traits, douce vermine. Misère que la création, l'action est où, où cette frénésie vous foudroie-t-elle ? Com­mun, je trahis. Mort, pourquoi non, pour que les as­sauts venteux soulèvent ma pierre tombale, bancale, et qu'ils sèchent ta langue sur mes os. D'un soir nous fûmes putréfiés. Pourquoi non ? Au signe de ta sub­stance, j'effleure ses antres. Tout l'à-coup érige nos formes et je crois étreindre l'esprit. Le petit capu­cin au sein du cloître quête sa confusion, moi, je veux mon désir. Ça suinte, la friponne qui mignote mes tripes m'inspire.

Foutre, où est la perfection ?



Au lieu de ma pensée
Quatre murs vierges s'assemblent.
Pour moi tout ça !
Tout à l'aboi,
L'instinct obscène,
Telle la meute citadine
Aux gonades hérissées, aux canines pendantes,
Qui piétine ses chairs
Et qui cherche ses ruines.
Arrgh ! Je concentre mon néant, drôle !
Et s'il chuchote, chatouille-toi les entrailles.
Petits petites écoeurés, je titille le mot
Et je l'ai mon impression confuse.
Grâce, ô déchirure.
Graisse, d'os en naissances.
Je me mute, me mute, sème ma genèse
Et yeap je le sens ce petit chaos
Qui modèle les tréfonds de ma cervelle.
Et jute... Ame !
L'empreinte fluette de ce tourment
Titube sur sa quintessence,
Se brésille en son prolongement,
Et des flous effilés incisent sa profusion.
Pas d'infini, pas de monotonie,
Pas de sphère.
Des coins, des refuges nauséeux !
Que ça grouille de règles et d'arêtes !
Je crée mon angoisse par le cube...
Non !
Je forme mon cube par l'angoisse...
Ne sais pas, point, non !
Ignare d’artiste, tu broutes, tu broutes,
Tout est déjection alors ?
Je suis. Dans
Le cube lisse à la pâleur hospitalière
Recroquevillé en un coin
Un nourrisson
Branlant. Mon corps nu
Qui pendouille, informe,
Je l'étire. Près de
Quelque fange en furie
Les crapauds copulent. En moi
Je décrypte l'indécence
De mon complexe. Figé des sens
Le pitre s'échoue tel un membre rongé.
Voilà de quoi nourrir mes vers.

Et quoi! Quoique je siffle
Un fond de théorie, piètres emphases,
Je me dresse gaillardement. Tudieu !
On me contredit, laide loque ?!
Piffard cagneux, on se rebiffe !?!
Soit. Je ris.
Peuh ! Les ripetons se choquent et je ris,
Me marre pour que chiale le « cul pincé » !
Poil de vierge dans la narine ? Même pas !
Croulant, la bedaine...
Bien, je le dis: suffit l'aliéné !
Encore aurais-je barbouillé
Ma pestilentielle rose des vents
De cinquante ou soixante-dix hivers,
Je pourrais piétiner notre trou, grevant
Le tout plein des gargouillements amers.
Eh bien non !
Ce doux chérubin égrené de ses appâts
Rêve, oui rêve un instant :
De la fraîcheur d'une maisonnette
Les feuilles .se déploient
Et les pastels lèchent mon âme.
Je suis là, de là à l'infini,
Etourdi de sens, de violets en violettes
d'indigo en bleuets
de bleus en ruisseaux
de verts en verdures
de jaunes en boutons
d'orangés en épidermes dorés
de rouges en eaux battantes du coeur.
L'arc bandé au ciel, les sucs s'écoulent,
Mais je reste dans le cube.
Voilà de quoi pétrir corps et fantasmes.

Au centre d'un pan, je fixe un autre pan.
La forme n'éclate pas, je compose ma face.
Béate, la bouille. Hilare, l'hilote
Exsangue,
A croire que mes rondeurs sont écartelées !
De la fente, tantôt je beugle, tantôt bougonne
Les babils d'égrotant incongru.
Et les châsses !
Naïfs, pervers ? Expressifs pour qui ?
Je traîne les membres
Et m'affale, tout contre le pan.
A-y-est, mou jusqu'au trognon,
Des dégoûts étouffants écrèment le temps,
Le temps à moi qui ne coule plus,
Il se répand.
A-y-est, je le sens,
Soumis au volume, je le suis.
Je retourne au centre.
L'ordre est remis, l'être est nouveau.
Et les châsses !
Oui ! Maintenant je les grogne obstinés,
Effrayants, l'étincelle livide,
Ils s'agitent de tous côtés,
Parcourent les arêtes,
Se butent à chaque coin,
Loin, loin de l'autre et de
Chacun ils se sentent la proie.
Je bave en ce sens un autre coin
Et je touche le pan d'un panard,
Et même de deux !
Miracle, rage...
Au fond... je sens le foie nécrosé.
Ben, tu dérives, grosse légume !
Je sens la foi pénétrer...
Ohh !!! Doigt de Dieu...
Poussons jusqu'à l'offrande.
C'est ça ! je suis offrande,
Immolons, vingt dieux !
Je frémis,
La fibre galvanisée, le nerf frétillant.
Je, oui! L'essence de Dieu
M'imprègne, chouette la plénitude !
Je me sens tout au faîte originel,
Grâce! grâce !
A-y-est ! Je lâche les gaz !
Et fonce !
Vite, vite, je trotte, galope,
Tout beau,
La bave s'effiloche,
Et le crâne baissé,
Ma courbe prend vitesse,
Oui, je veux m’étirer,
Et tirer encore le coup !
Je veux m'approcher,
Accrocher ma trogne à ce plan !
Et encore, encore, je veux
VLAN !!!
Le pif et le front embrassent le pan.
Pousse ! Ecrase le reste !
Et VLAN !!!
Le pan poche lèvres et châsses.
Le cube tremble.
Le sang coule, épais.
Et quoi! Alors !
C'est parfaitement dégueulasse !
On est heureux du fatras, méprisable souillon ? Hein !?!
Et poétique ce Hein ! ...de Dieu !
Que va-t-on me glousser ?
Une oeuvre, ça une oeuvre !?!
Abstraite ? En plus !!!
Et du grand art ?
Quoi ! Du grand art par le don de ton corps et...
Ah non! fripouille !
Ne viens pas me susurrer que
Le corps du pinceau
A goûté les couleurs de ton âme :
Ah non! Ou je t'achève.
Et puis putain, chiasse de toi !
M'en fous !
Bousille-toi la tronche !
Echarpe ton faciès d'ahuri !
Pisse ton sang, expie sa crasse !
- Moi, je contemple et trépasse.
Parfaite la face,
Superbes ses plaies...
Et tout, vraiment tout.
L'ensanglanté, les tachés, les collés et le sanieux.
Aucun goût ce garçon !
Voilà de quoi pourrir mes extases.



La créature ne bronche pas.
Avec ce que j'ai chopé dans la gueule !
Seules tremblotent les lèvres de quelque plaie.
Pourtant, je pourrais me permettre un petit hurlement,
Un rien bruyant.
Une frêle clameur de ma douleur, non ?
Un peu.
Et même - Dieu me pardonne - ­
Hurler à en perdre sa luette !
Rugir à s'en faire péter les cordes !
Vagir sa souffrance ! quoi !
Ma sensibilité doit être affectée, non ?
Et le sens tactile, il fonctionne encore, non !?!
Non.
A terre, châsses ouverts
Et fixes,
Je tape le pan,
Et tape au rythme des gouttes de sang,
Encore, vite et plus vite encore.
Obsé..., obsé..., obsédé l'animal.
Puis il tremble,
Tremble au rythme du corps qui se purge,
Encore, vite et plus vite encore.
Alié..., alié..., aliéné épileptique.
Bon. Cela ne me suffit plus.
Le cube était propre,
Un peu de sang, mais pur,
Comme sur l'autel encore chaud du sacrifice.
Voilà que je gerbe.
Dans une sérénité extatique
Je laisse couler la déjection buccale.
Atroce.
Au gré des évacuations glaireuses
Je lorgne de-ci de-là
Quelques éclaboussures verdâtres
Pénétrer le sang frais.
L'aliéné, lui, n'est pas en reste :
Je me délecte du mélange organique.
Délice.
Et allez ! Plonge tes pattes !
Patouille dans tes vomissements fielleux !
Tout à mes intérieurs
Il me faut achever la vilenie du corps.
Je l'effectue, crispé.
Pas par malaise ou par peur, non...
Par nécessité.
Je chie.
Et bien ! Puissamment !
Les protubérances prolifèrent du côté du rectum !!!
Et hop !
Quelques fèces délogées,
Et déjà l'aliéné les pétrit.
Et bien ! Grassement !
Des menottes aux quenottes
La matière fait son chemin.
O faste de répugnance !
Je déglutis ma propre fiente !
Souillure, souillure, et ma purification, alors !
La créature brenneuse est immonde !!!
Doux Dieu, faites que je la dégueule.
Sang, vomi, étron :
Voilà de quoi créer, mon Eon !

Foutre, où est le sexe !L'Eon, le cierge en main, active la flamme. L.'Eon, le cube en coin, sème des spasmes brûlants. L'Eon, de­vant le cube, serre des pouces le cierge qui fond. L'Eon, devant la glace, presse le cierge et furieusement éjacule ; cloîtré en un coin, je presse une peau d'où saute le bourbillon. Emergé d'un songe, le coin des prunelles encore chassieux, je regarde couler le pus sur la glace.

Foutre !
15 juillet 1987

Chant 8ème : D'un griffon de lie...

Faisons gronder l'instant, au­thentifions l'espoir et que la vie soit embrassée de toutes nos fibres! A la noblesse d’un griffon de lie tari par l’éruption spirituelle.

A Heïm, l’inspirateur de ma pensée.

Saillie pétrifiée, la boudeuse gargouille faillit rester close,
Et moi, gamète gesticulant, un gros flagelle autour du cou.

De l'éloquence et des fumées
Du Créateur
Je naquis.

A nuitée, aux tréfonds de sa grotte fissurée, le marmot voûté
Sentait le sang de sa lèvre transpercée par la croix sépulcrale.

Seule la noble fusion
De l'empirisme et de la science
Put obstruer ma plaie.
L'agonie étouffée, le Christ empalé,
J'étais calme, j'avais mûri.

Sur des sentiers putrescents la pierraille collait aux pieds embrasés.
Épars des tas d'arbustes ; le boiteux trempait dans une flaque de sève.

Quelque part une souche fraîche,
Les friselis de la rosée,
Les bourrasques enivrantes
Encore lointaines.

Adossé aux ruines bétonnées pour ne point m'y frapper le crâne,
Le regard vers le néant, par l'entropion je devins aveugle.

Ah! que l'errance est superbe
Lorsqu'elle s'achève après mille soubresauts
Dans une demeure accomplie !

L’Harmonie était là :
Que l’Acte soit pensé et que la Pensée soit active ;
La Sublimité était là :
Aux plus hautes contrées de la noblesse,
Une lueur :
L’Homme cisèle son absolu,
Défiant cieux et marais.

Le doigt raidi et l'ongle acéré - foudroie-les ! - menacent le globe.
Finesse –non ! - Paupière crevée, choc sec, prunelle éclate dans son orbite !

Malaise vomitif,
Serait-ce mes résidus cauchemardesques
Là, sous l'oreiller ?
Les gros soupirs balbutiés en sanglots,
Le désespoir soudain chaleureux
Au sein de l'Omniprésence,
La tête reposant sur la poitrine
Dans l'improvisation d'un univers
Pour une confiance infinie.
Ce fut.

Aux crocs des gueules atrophiées plantés dans l'Escarre baveuse,
A ce sang, à cette sanie - que jouissent les turgides impuissants ­-
Aux macérations qui ne tachent plus les paillasses imbibées,
Au frontispice crasseux d'un pandémonium aux vieilles pyorrhées

S'oppose farouchement
L'Unicité créatrice
Forgée par les essences de la génialité
Et par la ténacité d'une philosophie vécue.
Que jaillisse la Connaissance,
Fut-Est-Sera.



17 mars 1987

La Veillée des Dieux

Un rien de nuit, mais une nuit glaciale. Une bourgade drapée de neige scintille de lumières colorées. Merveilleux Noël : blancheur, froideur et gaieté au cœur. Le bourgeois se trémousse, la fesse pâle et la glaire gélifiée. Au-dehors un ciel qui floconne ; au-dedans un foyer de fonte dorée où fondent quelques bûches. L'homme rassuré brode ses superfluités sur les relents d'un décor qui paraît presque mitonné. Là, chaque année, le jeu est le même, mais qu'importe ! ces fins de décembre sont autant de sciures de vie qui nous animent pour le reste du tronc.


Seul, par dégoût des fêtes grégaires et des commensaux flegmatiques, je recherche l'inconcevable. Une veillée sordide et lugubre, pourquoi pas! Offrons-lui un poil d'épate au jeune ! Qu'il laisse nos cristaux ! Personne ne déambule, tous terrés sous leurs principes séculaires. N'ergotons pas ! J'accuse le dodu et ça me colle en plein le prurit !!!

Puis... soudain. Entre le ciel de cul-de-basse-fosse et la neige luminescente, une forme se glisse. Une Apparition. Maigre, mais tout de même !

Humain pour quelque chose, je délaisse les bestioles en rut et m'excite à l'aporie : qu'est-ce ? Un violeur sans violable ou mon Etre ? Peu à peu ça prend relief. Ça boite. C'est vieux. C'est si maigre que ça semble prêt à se rompre à chaque déhanchement. C'est si courbé que, je divague certainement, le nombril doit chapeauter la tête glabre du membre. La trogne est laide et ses plis poilus ballottent au rythme des boiteries. Il me fixe, maintenant. Aaah... pure étrangeté.
- Suivez-moi ! grommelle-t-il. J'obéis, le crâne vide et le corps galvanisé.



Trop simple ! Pourquoi suivre cet homme ? Qui était-il hormis un paquet de courbes inharmonieuses ? Il avait suffi qu'il me convoquât rudement je ne sais où, et j'y allais ! Une merveille l'extase ! Il ne me reste plus qu'à m'engluer dans ses rets... Au poil la stratégie ! Et moi ! Je traîne mes godasses derrière quoi ! Un maniaque ? Ah oui... le maniaque oligophrène des jocrisses éberlués. Oui ! Va être plumé le jocrisse !

Non... Soyons modeste avec la réalité : c'est un brave homme qui, avec une bonté vivace, m'a invité à une bonne bouffe dans son doux chez-soi. Et là, à cet instant, nous marchons avec cette espèce d'osmose respectueuse de la taciturnité. Voilà la saine explication. Pas de bizarreries, par d'arcanes funestes; une fin d'année propre et digne ! Un détail, pourtant: le brave homme, lui, n'est pas exactement salutaire... L'exhalaison putride et caséeuse découvre une décomposition progressive de l'homme courbé. C'est troublant : la carcasse grimée d'une laideur agressive, malformée, dont chaque parcelle est maladive, a souvent l'âme perverse et le raisonnement insidieux. Malgré cela je suis heureux : l'envie fantasque de frissons inénarrables commence à se réaliser.

L'arrivée est au cimetière. Le vieux ouvre la grille et me laisse la refermer : attouchement du fer glacé, je frémis... Les christs en chair, comme les belles en cheveux, sont assez pitoyables, les cyprès assez effilés pour embrocher les âmes réticentes, mais il n'y a aucune guirlande : les ossements s'offrent l'authentique austérité et ce son, mi-réel mi-imaginaire, qui vous donne l'envie d'hurler, de saccager alentour, une espèce de silence qui bourdonne. Passant quelques sépultures au marbre couché, le vieux s'arrête devant celle qui se dresse : un petit mausolée en pierres grossières noircies par le temps. Chez les morts le temps n'est ni cause de honte, ni cause d'angoisse: c'est leur folklore. Le vieux sort une belle clef de cimetière, l'introduit et la tourne dans l'habitation funèbre. Terrifié bien que l'ayant appréhendé, je le vois me faire signe d'entrer. J'hésite, mais ses plis tombant plus bas encore, je cède au signe et entre tête baissée.


J'ai la désagréable impression de m'acheminer vers ce qui ne me regarde pas. Ah jeunesse ! keuf ! keuf ! toujours à l'affût d'avoir quelque tremblote pour se faire pousser les poils ! Pourquoi descendre dans ce lieu ? Dans moins d'un siècle j'en aurai un, pour moi tout seul. Et même mieux ! avec un toit de chaume ! Je me débats dans cette démence, et j'adhère toujours au vieux.

Au bas des marches, une pièce exiguë un peu cachot nauséabond. Le blanc de chaux dégoutte d'humidité malsaine. Sur l'un des murs pend une couverture. Au milieu du sol s'imposent une table basse et deux chaises disparates. C'est tout. C'est là, dans cette poisse tranquille que s'enracine le vieux, pour l'éternité : la vie et la mort unies sous le même toit. Le vieux, sans me dire un mot, dresse la table. J'élude chacun de ses regards. Pas de contrainte mentale, juste un chouïa d'incongru : tel est mon désir. Alors pas d'excès le vieux ! Ou ça n'est pas la rate que je vais te dilater !

Si le coin est répugnant, la boustifaille pénètre correctement le conduit. Une exquise délectation, un raffinement subtil, une discrète harmonie des saveurs, bref, c'est pour les papilles concernées une merveille de l'art culinaire, presque un prodige gastronomique. L'arôme de la viande est si profond, qu'une exhumation de vieilles douceurs charnelles jaillit à chaque bouchée. Des parallèles d'impressions s'enchevêtrent un moment pour se joindre aux parfums des fumées de la chair. La sapidité de tels divins morceaux me donne comme une envie d'éternels recommencements, une boucle alimentaire à faire embraser des puces en chaîne...

Le vieux dérange ses plis et me sourit: dentition parfaite. Alors ? ... Ce qu'il a sur la trogne, c'est du sillon d 'intensité et non d'années !?!

Repu, les boyaux au labeur, je l'entends s'épancher :

- Mon bon monsieur. Hé ! entre hôtes on se comprend. J'ai le neurone gâté c'est entendu. Ouais. La petite névrose me pend au nez : tss, c'est cette crasse de solitude et toutes les petites morbidités qui la peuplent. Ah ! moquez-vous ! La déprime me tenaille... vous déglutissez ce que je vous lâche, hein !?! Me... me... enfin... merde de bouse ! On se croirait à la pouillerie des hideux, ici ! Heu... Je dis ça comme ça... pour m'égayer. Voui : j'en ai besoin mon bon monsieur. Hé ! C'est l'opprobre pour moi : tout raté ! C'est ça ! les paumés au trou. Je m'y suis mis moi-même... comme un égrotant dressé. Je peux mourir ! Qui sera peiné ? Et puis gardez vos larmes ! Charogne, j'en ferai quoi ? J'aime ma saleté! J'aime être vil et méprisable ! Regardez-vous: je préfère mes immondices ! C'est très simple. J'ai joui atrocement de votre bonheur buccal ! Et je jouis encore mon enfant, vise la verge, hein ! Gonflé le gland !!! Vous, étranger, je hais votre foutaise de vie, ses résidus et sa pédanterie coutumière ! Infect animal ! Engraisse-toi de tes douteuses vétilles ! Je préfère l'abjection, la vraie : celle que l'on sublime. Je vous méprise. Ha ha ! pour vous c'est l'horreur, en une soirée toutes vos toquades, vos marottes, tout ce que le système d'en haut vous a désigné comme bon ou mauvais, tout ça, souillé à jamais ! Mon bon monsieur, vous êtes un bâfreur de chairs humaines, un anthropophage accompli !!!

Béat, je l'écoute m'insulter. Mais c'est une rixe effroyable qu'il lui faut à cette crapule méphitique !!! Patience !

- Mon bon monsieur, l'efficacité c'est l'acte, alors...

Il se lève et tire la couverture.

Odieux ! une femelle obèse, au point que ses graisses coulent sur sa paillasse. Elle gémit doucement, piteuse. Sa masse suintante est couverte des raclures quotidiennes, d'excréments pâles, comme sa chair, de tout ce qui peut s'amonceler sur des bestiaux grabataires.
- Elle pue ma compagne, hein ?!

C'est vrai qu'elle pue. Ça me fait suer, et je frissonne. C'est vrai que ce couple est atroce : la petite teigne filandreuse et ce veau à la gueule embryonnaire, à la bedaine putride. Un cirque ! Et voilà la teigne qui tâte sa femelle.
- Ben, mon pauvre monsieur, c'est entre ces deux jambons rances que j'éjacule. Oui !!! C'est ça qui récolte mes semences.

Dégénérées ses semences. Bougre de salaud !!! Où veut-il nous mener ? Comment... Me mener, oui ?!!! C'est moi le pantin de cette soirée scabreuse!
- Et je la baise, mon petit père ! Hé ! Croyez-vous qu'elle se débatte? Non... bien trop molle... la feignasse. Elle hurle, oui ! Pour jouir ou souffrir, m'en fous ! Hé ! C'est de viande dont j'ai besoin !

Je dois me contenir, je veux tout entendre Au fond, je suis là pour ça ! Patience !

- Pour vous, mmm ! C'était une petite fille bien joufflue. J'ai un vice, un petit: j'embroche mon gibier vivant. Ha ha ! Vous auriez vu ses yeux clairs lorsque la pointe d'acier lui déflora son croupion tout rose... Vous auriez vu, ha ha ! mmm ! quand, pour dernier sursaut, ses petites dents mordillèrent dans le bout d'intestin qui pendait, accroché au pic. Mmm... Soyez joyeux mon gars ! C'est ça mon vrai plaisir ! C'est après que je vide la petite : les tripes pour ma compagne, la tendre viande pour vous !

Ecœuré. Non !!! Moi !!! Non !!! Et non Alors !!! Je dégobille sa progéniture, et il se marre le vieux ! Non !!! J'ai bouffé sa fille !!! à cette enflure de scélérat !!! Et voilà ! Il hurle de rire, balance son futal et s'allonge sur sa femelle. La bite en bouche, elle me regarde. Et le vieux s'acharne à prendre cette ouverture pour le con crasseux de sa femelle.

C'en est assez !!! Terminé ces fornications de tripiers !!! Terminé !!! Délaissant la psychologie, je prends une barre d'acier qui traîne dans un coin, eh oui !, la brandis, et frappe sans discernement. Je frappe : le vieux grogne et se tortille. Je frappe : l'horion défonce la colonne du vieux. Je frappe : le sexe du vieux obstrue la gorge de sa femelle. Je frappe et je fuis, des crampes au ventre.


Eperdu, je jaillis du mausolée et pénètre dans le brouillard lactescent comme le vieux eût pénétré sa femelle butyreuse de la fesse. Je cours, et j'aperçois le bout du cimetière. Je cours, manque la sortie, et tombe dans la fosse commune. Je digère entre deux tibias. Absurde.

Ecrit en août 1986, modifié en août 1987.

Hexaptyque osmotique

Claz, un rêve ?


Claz éveille l’apesanteur

A ses côtés, le long

Des rues, elle seule

Fait paraître tout en fleurs.

 

Claz élève, sans factice,

Nos vagabondes

Marches en doux délires complices.

 

Sève naturelle

Irrigu’ notre si belle

Osmose qui étincelle.

 

Lien qui rend un peu dingue,

Bien à s’faire sans seringue,

Au miel

Au miel

 

Prendre soin de ce fol entrain

Prendre soin de ce fol entrain

Qu’on étreint

 

Claz innerv’ mes songes, en somme,

De formes qui résonnent,

Loin du trop mièvre,

Et m’éperonnent : ma muse orfèvre.

 

Claz enfièvre les sens, le cœur,

Sans peur j’effleure

Ce prodige du bonheur.

 

Regards à taire,

Fous rir’s sur pont de pierre :

Densité singulière.

 

Lien qui rend un peu dingue,

Bien à s’faire sans seringue,

Au miel

Au miel

 

Prendre soin de ce fol entrain

Prendre soin de ce fol entrain

Qu’on étreint

 

Claz, un rêve

Réel

Claz, un rêve

Réel

Claz, un rêve






******

À s’aimer tant…


À s’aimer tant…

À s’aimer tant, là, pour l’émoi

D’effleurer ton visage et d’aspirer ta voix

En chœur, le sang vit plus, courants entrelacés

Poussant plus loin, pour parfaire ce doux dessein.

 

À s’aimer tant…

À s’aimer tant, là, pour l’émoi

De l’apôtre qui sème à la rosée, sans bruit,

Ses passions, sans carême, aux prièr’s qui s’égarent

Vers tous les maux, pour tous les sign’s tel un Icare

Aux ailes déployées assumant sa folie…

À s’aimer tant, tout éblouis.

 

À s’aimer tant…

À s’aimer tant, là, pour l’émoi

Qui nous entêt’, s’étire au grand dam des bégueules,

Au parc on se papouill’, sur le banc nos deux corps

Fleurissent en un’ chanson de gest’s sous un tilleul…

 

À s’aimer tant…

À s’aimer tant et à tout-va.

L’hôte ouvre son logis à celui qu’il fait sien,

L’hôte embrasse sans fin ce nid au duvet chou,

S’unissent sur le fil, funambules sans joug,

Toujours en équilibr’, bravant les béotiens…

À s’aimer tant, phare aérien.

 

À s’aimer tant…

À s’aimer tant et à tout-va,

Nous, même en déraison, nous jusqu’à l’au-delà,

Pas de borne à fond plat ni de sermon chiendent

Qui réduisent notre art et font fi de nos choix…

 

À s’aimer tant…

À s’aimer tant et à tout-va.

Oui nos sens étourdis qui se retrouvent à nu,

Oui nos mots enfiévrés accouchent d’un lien rare,

Oui nos gestes inspirés dessinent sans brouillard,

Oui nos esprits rivés s’élancent vers les nues…

Et ardemment… à s’aimer tant… ode éperdue…





******

Si nos cœurs ont foi…

Si mon cœur a foi

En toi, effleurée

Pour tout explorer ;

L’onde de ta voix

Attise le sang

De ma vie tendue vers l’âme attendue :

Toi m’émerveillant

Jusqu’à la ferveur

Qui pousse mes pas tout au bout de toi.

Suivre nos ardeurs

Si mon cœur a foi

Si ton cœur a foi

Si nos cœurs ont foi

Si nos cœurs ont foi.

 

Pouvoir se garder

Sans faire souffrir

C’est comme une lyre aux accords de choix ;

Pour oser l’entière union sans effort

C’est que notre sort gomme les frontières,

Près d’une fontaine

S’enivrer de toi, sans perdre un iota,

Muse que j’égrène

Si mon cœur a foi

Si ton cœur a foi

Si nos cœurs ont foi

Si nos cœurs ont foi.

 

Si ton cœur a foi

En la passion près

Du rythme sacré

Qui forge aux ébats

Où chacun est prêt

A s’aspirer là

Au feu de ces voies toujours inspirées.

Me mettre aux arrêts ne suffirait pas, sort

Peu enviable, à me faire renoncer.

Si mon cœur a foi

Si ton cœur a foi

Si nos cœurs ont foi

Si nos cœurs ont foi.


Ainsi soit le vent

Sans faiblir au creux

Des sommets vivants

Qui s’érigent au mieux.

Ainsi, sur le fil,

S’être rencontrés,

Avoir fusionné

Refusant l’exil.

Lorsque nos regards

Avivent nos joies

La saison d’y croire réveill’ nos minois

Si mon cœur a foi

Si ton cœur a foi

Si nos cœurs ont foi

Si nos cœurs ont foi.


Si nos cœurs ont foi

Toujours s’approcher

Souvent se toucher

Tout ce qu’a mis là

L’envie d’exister, de rêver sans fuir

Puis s’entremêler et, sans s’évanouir

Tendre à s’accomplir, fondre sans encombre,

Ivres de câlins

Ivres du divin

Si mon cœur a foi

Si ton cœur a foi

Si nos cœurs ont foi

Si nos cœurs ont foi…





******

Irradiante

Depuis trente-six mois tu sèmes,

En moi, une acharnée bohème

Poussant vers des chemins d'ivraie ;

Et même à l'issue incertaine,

L'attente se veut souveraine

Pour la seconde où tu parais.

 

Ce Vingt Avril danois vit naître

L'incroyable : une-âme-deux-êtres ;

Ainsi, leste, la fusion vit

Sa flore et l'intuition feuillette

Les angles doux qui se projettent

Vers tant d'émotions enhardies.

 

Au fil des marches davantage

De fougue, des lèvres moins sages

Au goût mordant qui se retient,

Mais au train tout doit se suspendre

Et du quai voir ta main se tendre

Serre la gorge de chagrin.

 

Tout partager bâtit l'assise

D'une envolée qui galvanise

Pour cet ébouriffant ciment.

Pourtant rien n'arrête la lie

Des rumeurs et de l'ordalie

Jusqu'à l'effroyable tourment.

 

De toutes ces envies perçues

À ces perspectives conçues

S'affirme l'évident destin.

Quand les scrupules te malmènent,

Que l'impossible te réfrène,

Alors la vie en moi s'éteint.

 

En silence je m'asphyxie

Très loin de toute ataraxie

J'effondre le peu maintenu ;

Ultime élan pour mieux se pendre

Puisque ta main il n'a pu prendre :

Chenu Werther au cou tenu.

 

Rien ne dompte la certitude

De l'infini en altitude :

Un tel lien serre à en mourir ;

Si tu passes près d'où je hante,

Frôle ces lettr's, mon Irradiante,

Pour que je puisse revenir...



******


L'aimant feu


Ce douze de l'horloge du quai incise

Le cœur, la grande aiguille le brise.

Blanche paume, en une ligne, lui sourit

Mais n'entend pas le serment

Endolori

De ces répétés départs

Laissant gris.


Je serai cet aimant feu

Aux fols élans vers tes cieux,

A toi des artères aux veinules

Se lézarde mon crépuscule.

Pour tendre aux émotions fissiles

Frissonnent les ondes fébriles

En déraison,

En déraison.


Je serai cet aimant feu

Qui embrasse ton radieux

Univers d'un souffle veiné :

De toi, solaire, je suis né.

Me tenir ainsi sur le fil

D'un horizon aux traits graciles,

Notre saison,

Notre saison.


A dix-huit précise, quai de la voie G,

Avant de sombrer, désagrégé,

Je te vois et sitôt mendie

Des parcelles de toi

Que je ravis :

Bribes de choix pour que survienne

De la vie.


Je suis bien ton aimant feu

Levant l'ancre vers tes cieux.

Cette pesanteur qui emprisonne,

Je m'en arrache pour que foisonne

Notre absolu lien si fertile

Qu'il ferait de chair les fossiles,

De l'aube un bercail,

De l'aube un bercail.


Pour toujours ton aimant feu,

Dans le vertige bienheureux

D'une vaporeuse farandole

Aux gestes dessinant corolle.

L'attraction céleste illumine

L'infini des terres sanguines,

Notre ardent vitrail,

Notre ardent vitrail.


Pour toujours ton aimant feu

Aux fols élans vers les cieux.

Pour toujours ce dingue aimant feu

Porté vers ton zénith radieux,

Ton aimant feu,

Ton aimant feu...



******


Si Rude


A chaque pas, la contrée rêvée s'éloigne,

Puis s'évanouit ;

Ne reste plus qu'un abîme et des crevasses,

Entrailles sans fruit.


La chute est si rude,

Le râle éreintant

Et tant de tourments

Jusqu'à crever l'apnée :

Encore suffoquer.


Longues attent's pour des trajets qui s'écourtent,

Fin du chemin ;

Vie qui s'en va vers un bas-côté sans route,

Tout cela en vain.


La chute est si rude,

Le râle éreintant

Et tant de tourments

Jusqu'à crever l'apnée :

Encore suffoquer.


 Et dans la fosse étendu sans même un suaire,

Feu de chagrin ;

Bientôt corps froid libéré de son calvaire :

Prêt pour le Grand Rien.


La fin fut si rude,

Le râle expirant

Et tous les tourments

D'une vie empêchée : 

A jamais étouffée...






 

Si mon cœ

Si